Descrição
La pratique du théâtre en prison pose la question de la participation de personnes non professionnelles dans des projets artistiques. Cet article est l’occasion d’observer les liens entre les problématiques éthiques et esthétiques, qui sont au cœur des discours sur la participation, à partir de l’exemple très singulier de la production artistique en milieu carcéral du collectif indépendant berlinois aufBruch. Je souhaite pour cela revenir sur la démarche que j’ai expérimentée à plusieurs reprises avec le metteur en scène Adrian Figueroa, lors de la réalisation de projets de théâtre et de film avec des détenus dans les prisons de Plötzensee et de Tegel à Berlin. Le travail se base sur des ateliers d’écriture et des interviews réalisées avec les détenus. Je décris à cette occasion les stratégies de distanciation mises en place durant ces projets afin de développer des formes littéraires proches de l’autofiction, dans lesquels émerge une tension entre récit de vie et imaginaire. En mêlant une approche théorique et pratique, il s’agit, de discuter de l'écueil à éviter d’« exposer » les détenus, de questionner d'une part la fonction sociale de l’art pouvant s’affirmer comme un espace agonistique, et, d’autre part, de souligner les aspects esthétiques de ces projets qui oscillent entre espace authentique et symbolique. On pourra à cette occasion se demander comment les corps enfermés dans un lieu « absolument différent » (Foucault, 2009 (1966), p.24) peuvent être projetés dans un autre espace.