Descrição
Si la référence des cyniques anciens à l’animal comme modèle est bien connue, il est plus difficile d’en comprendre le sens, car ils ne sont pas les seuls dans l’Antiquité à évoquer l’animal dans un contexte éthique. En partant de la définition aristotélicienne du paradigme, il est dans un premier temps montré que l’animal intervient parfois chez les cyniques dans le cadre d’une induction qui présuppose qu’homme et animal appartiennent à un même genre moral. Mais l’animal apparaît également, dans d’autres contextes, à titre d’exemplum épidictique : il montre de façon immédiate et évidente à l’homme la vertu et le genre de vie qu’il doit imiter. Ces deux types d’exemplarité reposent sur une conception analogique des rapports entre animalité et humanité, typique de la pensée antique, mais l’originalité du cynisme, par rapport, par exemple, au platonisme, réside dans le fait que la vertu attribuée à l’animal n’est pas conçue comme intrinsèquement inférieure à celle de l’homme. Cependant, comme toute imitation, l’imitation de l’animal repose sur une interprétation préalable de ce qui en lui est à imiter. Ce cercle herméneutique explique que, parfois, l’animal dans le cynisme ait un statut de paradigme négatif